La mode du "sans mors, sans fer, sans céréale" - Est-ce une bonne idée ?

26 mai 2020

De plus en plus de cavaliers cherchent à offrir plus de confort et de liberté à leurs chevaux en revenant à une approche plus naturelle de l’équitation. Si je parle de mode, c’est parce qu’il s’agit d’une tendance qui prend tout à coup beaucoup d’ampleur, mais d’autres pourront y voir une prise de conscience. Dans tous les cas, il est parfois difficile de s’y retrouver avec tout ce que l’on trouve sur internet. Les avis sont souvent tranchés et ne laissent pas de place au doute, ce qui n’aide pas forcément à se positionner. Je vais donc m’efforcer de rédiger cet article de manière objective et synthétique, afin de partager avec vous les informations que j’ai trouvé lors de mes recherches.

 

Avec ou sans mors ?

J’ai déjà abordé le sujet des ennasures, c’est à dire des brides sans mors, dans l’article « Les différentes ennasures ». Il ne me semble donc pas utile de revenir dessus. J’en avais conclu que certaines ennasures s’avéraient en fait plus sévères que certains mors.

 

 

Avec ou sans fer ?

Pourquoi ferrer son cheval ?
L’invention du fer à cheval tel qu’on le connaît aujourd’hui remonterait au IVème ou au Vème siècle après Jésus-Christ. Il avait pour objectif d’éviter l’usure prématurée de la corne, car les chevaux effectuaient de longues distances tous les jours et l’usure était plus rapide que la pousse naturelle.

De nos jours, les fers servent toujours à préserver la corne, mais aussi à corriger certains défauts d’aplomb. Ils permettent également de soulager les chevaux qui évoluent sur des terrains durs ou caillouteux.
Il existe des fers orthopédiques qui ont pour but de soulager les chevaux atteints de pathologies du pied ou du sabot.

 


Pourquoi garder son cheval « pieds-nus » ?
Les pieds des chevaux sont naturellement conçus pour amortir les chocs : le coussinet plantaire s’élargit sous le poids du corps et la pression va être en partie absorbée par l’écartement de la paroi, ce qui permet de préserver les articulations. Lorsqu’un cheval est ferré, il se peut que ses pieds ne jouent pas leur rôle d’amortisseur correctement.

Les pieds servent également à la circulation sanguine : lorsqu’ils se lèvent, les vaisseaux sanguins se remplissent de sang, et lorsqu’ils se posent, les vaisseaux se compriment propulsant ainsi le sang dans les veines. Lorsqu’ils sont ferrés, les pieds ont moins d’amplitude pour se contracter et se décontracter.

Source

 

La plupart des chevaux n’effectuent pas des centaines de kilomètres par jour et ont donc besoin d’un parage régulier. En ce sens, il ne sert à rien de préserver la corne à l’aide de fers, puisque l’usure dû au travail reste insuffisante.
Les chevaux « pieds-nus » peuvent pratiquer toutes les disciplines équestres, même la randonnée.

 


La transition
- Si vous souhaitez déferrer votre cheval, sachez toutefois que la transition peut-être une étape difficile à vivre pour lui comme pour vous. Certaines pathologies comme des abcès, des seimes ou des boiteries peuvent apparaître lors de la phase de transition. Cela peut durer quelques semaines, quelques mois, voir plus ! Il peut s’agir du temps d’adaptation dont votre cheval a besoin, d’un mauvais parage qui ne permet pas au cheval d’avoir des aplombs corrects ou encore d’un défaut d’aplomb que les fers parvenaient à corriger sans que vous ne vous en rendiez compte. Il faudra réussir à déceler l’origine du problème pour pouvoir y remédier. Il est fortement conseillé de se faire accompagner d’un podologue équin et d’un maréchal ferrant formé au parage physiologique (aussi appelé parage naturel).

- L’hipposandale peut s’avérer être une bonne alternative aux fers. Elles respectent le fonctionnement naturel du pied tout en le protégeant. Elles ne doivent cependant pas être portées 24h/24, mais uniquement lors des séances de travail ou durant les randonnées si vous le jugez utile.

 


Tous les chevaux peuvent-ils être « pieds-nus » ?
Dans certains cas, déferrer son cheval peut être déconseillé : « Le pied nu s’adapte au milieu dans lequel il évolue. Si le cheval est au pré, il va se déplacer et le pied va se renforcer. Un cheval au box, ou sur une petite parcelle, ne sollicite pas suffisamment les structures du pied. Lorsqu’il sort, il est forcément plus sensible et a mal. Pire encore si le cheval est laissé pieds nus dans un box mal entretenu : avec l’ammoniac de l’urine, la fourchette pourrit, la sole se ramollit, la paroi perd en qualité. Dans ces conditions, la ferrure s’impose. » Sébastien Marrocq, maréchal-ferrant et pareur pieds nus.

En conclusion, déferrer son cheval peut s’avérer très positif si il a des pieds sains et que les conditions dans lesquelles il vit le permette, mais cela peut être dangereux dans le cas contraire.

 

Avec ou sans céréale ?

Pourquoi nourrir son cheval avec des céréales ?
Bien qu'il soit herbivore, à l’état sauvage, il peut arriver au cheval de manger des graminées en petite quantité. Grâce à l’amylase, une enzyme qui se trouve dans l'intestin grêle, il est capable de digérer l’amidon.

Les céréales représentent un apport conséquent d’énergie sur le long terme car elles sont composées de 70 à 80% de glucides sous forme d’amidon. Étant peu coûteuses, faciles à distribuer et très appétentes, elles ont à priori tout pour plaire.

 


Pourquoi nourrir son cheval sans céréale ?
La quantité d’amidon que le cheval est capable de digérer reste strictement limité. Cela peut sensiblement varier d’un équidé à un autre, mais il faut garder à l’esprit que les céréales ne constituent pas leur aliment principal.

Les céréales sont excédentaires en phosphore par rapport au calcium et trop pauvres en protéines. Elles ne fournissent également pas assez de fibres, indispensables à l’équilibre digestif du cheval, puisque son estomac doit en contenir en quasi-permanence afin de fonctionner correctement.

Source

 

L’ingestion d’une quantité trop importante de céréales peut entraîner diverses pathologies :

  • Obstruction de l’oesophage
  • Coliques
  • Fourbures
  • Myosite
  • Ostéofibrose


Tous les chevaux peuvent-il se passer de céréales ?
Certains chevaux ne peuvent plus se passer de céréales. Cela s’explique par la domestication, mais c’est aussi dû au travail qu’on leur demande. En effet, un cheval sportif qui est monté et travaillé à un rythme soutenu aura besoin d’un apport énergétique important qu’il pourra difficilement trouver ailleurs que dans les céréales.

En résumé, les céréales ne sont pas nécessairement néfastes pour les chevaux tant que la quantité est limité. L’idéal est de ne pas dépasser un apport d’amidon de 1,5g/kg de PV (poids de l’animal à jeun) par repas. Les chevaux qui n’exercent pas d’activité intense peuvent tout à fait se passer de céréales, mais rien ne vous empêche de leur en donner de temps en temps en guise de gourmandise.


Pour conclure je dirai que chaque cheval est différent et que pour lui apporter les soins appropriés, il faut prendre en compte divers paramètres tel que son environnement, l’intensité de son travail et ses éventuelles pathologies.

 

 

Texte rédigé par Mimines & Pattounes